Les corporations de métiers ont été les principales organisations de la vie professionnelles du Moyen-âge au début du XIXe siècle
Dès le Xe siècle, l’expansion économique de l’Occident amena la renaissance des villes, animées par l’artisanat et le commerce. Marchands et artisans, méprisés par la noblesse et mal vu par le clergé, se trouvaient en dehors des cadres traditionnels d’une vie féodale essentiellement rurale. Leurs activités avaient des exigences propres et ne pouvaient s’accommoder de la fiscalité et des arbitraires seigneuriaux. Ainsi les corporations se formèrent et se firent reconnaître par les seigneurs féodaux et par le roi. Contre argent, elles obtinrent le monopole professionnel et le droit de s’administrer elles-mêmes.
Tous ces privilèges furent écrits dans des chartres et en signe de leur pouvoir et de leur autonomie, elles eurent chacune un sceau qui authentifiait leurs actes mais également leur propre bannière emblématique.
Lors de troubles survenus en juin 1423, les gens de métiers craignant une mainmise bourguignonne sur les affaires de la ville décident de réclamer aux Consaux leurs bannières. Après l’octroi de la charte de 1424 par le roi Charles VII et afin de participer à l’administration et au gouvernement de la cité, cinquante-cinq professions furent réunies sous 36 bannières. C’est ainsi que les corps des métiers ou corporations acquirent une importance politique considérable. Chaque corporation comprend 3 degrés : les maîtres, les compagnons et les apprentis. Représentés à la Chambre des Arts et Métiers, ils jouèrent un rôle important dans la vie de la cité.
Aujourd’hui 23 de ces bannières flottent désormais sur la Grand-Place et restent le témoignage de l’appartenance ancestrale de Tournai aux libertés démocratiques.
Les bannières des corporations de Tournai
LES APOTHICAIRES
L’entrée en apprentissage requiert une certaine fortune (pour les études, les frais de maîtrise et l’officine), des connaissances (grammaire, latin, rhétorique), un minimum de quatorze ou seize ans et parfois l’appartenance à la religion catholique. Apprentis (stage pratique), puis compagnons (perfectionnement), les futurs maîtres passent des examens, notamment sur les plantes, la composition et la préparation des médicaments, et doivent réaliser un chef-d’œuvre, de difficulté variable suivant les communautés. L’ouverture de la boutique, signalée par une enseigne au sujet caractéristique, s’accompagne de certaines formalités et d’un serment.
Patron : Saints Côme et Damien
LES ORFEVRES
Les communautés d’orfèvres, organisées en puissantes corporations depuis le XIIème siècle, ont pour prérogative exclusive de « fabriquer et vendre tous les objets d’or et d’argent, quels qu’ils soient, et de les orner de pierreries ». Un apprentissage de huit ans est nécessaire avant la présentation d’un chef-d’œuvre, l’admission à la maîtrise et l’enregistrement d’un poinçon, marque personnelle du nouvel orfèvre. Il leur était interdit de travailler le dimanche, les jours de fête et les trois jours entourant Noël. Dès le XIVème siècle, chaque communauté d’orfèvres a son poinçon dit de jurande. Ce poinçon certifie le titre du métal (la qualité de l’alliage) et donc sa conformité avec les ordonnances en vigueur. Au XIVème et XVème siècles, chaque orfèvre fait l’acquisition de son propre poinçon. Ce « poinçon de maître » lui sert de signature professionnelle et de garantie vis-à-vis des acheteurs.
Patron : Saint Eloi
LES MARECHAUX-FERRANTS
Cet artisan et ses apprentis travaillent tôt le matin et tard le soir. Voyageurs, cavaliers, paysans se pressent dans l’atelier qui ne désemplit pas. On y veille parfois. C’est un lieu convivial, comme le café ou la place du marché.
Sûr de lui et expert écouté, le maréchal est aussi vétérinaire, dentiste et guérisseur. Son marteau, comme celui du meunier, a le pouvoir de guérir.
Patron : Saint Eloi
LES BATELIERS
La ville étant traversée par l’Escaut, tous les métiers découlant de ce phénomène géographique existeront au sein de corporations telles les bateliers.
Péniches et mariniers. D’écluse en écluse, de courant de rivière en chemin de halage, les bateliers ont la vie rude. Seuls, les bateliers pouvaient transporter les marchandises par eau pour la ville et sa banlieue aidés par les compagnons pilotes qu’ils avaient nommés. Les gains de chacun étaient remis à un receveur qui en faisait la répartition entre tous les membres
Patron : Saint Nicolas
LES MAÇONS
L’accession à la maîtrise donne au maçon le droit de faire « acte de maître », c’est-à-dire d’entreprendre des travaux pour son compte et d’embaucher. Il est garant pendant dix ans de la qualité de ses ouvrages sans pouvoir dégager sa responsabilité en accusant architecte ou propriétaire. Il peut faire condamner à de fortes amendes le compagnon qui voudrait faire acte d’entrepreneur à sa place.
Pour accéder à la maîtrise, il faut réaliser un chef-d’œuvre jugé par la communauté des maîtres maçons, fournir des garanties de « bonnes vie et mœurs » et payer les droits d’enregistrement de son nouveau titre.
Au Moyen Age, la même corporation comprenait les maçons, les tailleurs de pierre, les plâtriers et les morteliers ; les uns et les autres étaient sous la surveillance du maître maçon qui dirigeait la construction.
Patron : Saint Blaise
LES POTIERS
La situation sociale du potier est très variable selon sa place dans la hiérarchie du métier et l’importance des ateliers. Les maîtres potiers, propriétaires de leurs ateliers sont des gens aisés, qui savent lire, écrire et compter. En revanche, les maîtres potiers-métayers sont souvent aussi pauvres que des ouvriers.
Le tourneur est le plus qualifié, le plus apprécié et le mieux payé des ouvriers. Il est rémunéré à la pièce, au compte ou à la journée.
Patron : Sainte Catherine
Et puis d’autres …
LES TAPISSIERS
Jusqu’au XIIIème siècle, le terme de TAPISSIER, sert à désigner indifféremment ceux qui créent, qui fabriquent des tapisseries ou des tapis, qui exécutent des ensembles décoratifs, qui utilisent tous les textiles et cuirs, contribuant au confort et à la décoration des intérieurs. Regroupés très tôt en corporation, les tapissiers, dont l’activité initiale est la décoration murale des églises, fréquentent les « grands » du royaume et jouissent à ce titre de nombreux privilèges. Il prenait alors le titre de « Valet Tapissier » et pouvait porter l’épée. Les Tapissiers-Courtepointiers fournissaient les meubles de tapisserie, des lits, et même des équipages de guerre.
Patron : Saint François d’Assise
Les bouchers se trouvent réunis en une puissante corporation. Eux seuls pouvaient abattre, dépecer et faire le commerce de viande.
La ville médiévale est le théâtre d’activités professionnelles variées. Parmi ces professions, les métiers de l’alimentation ont une place fondamentale dans l’économie urbaine en raison de leur fonction nourricière. Dans cette économie, le boucher occupe une place emblématique et primordiale. En effet, contrairement à une idée reçue les habitants des villes au Moyen-âge sont de grands consommateurs de viande. Il en résulte une grande richesse du boucher dans les villes, ce qui lui vaut d’être bien souvent jalousé voire méprisé en raison de la nature même de son métier : la mise à mort. Les bouchers font preuve d’un esprit d’indépendance et de défiance envers les autorités.
Patron : Saint Nicolas
( les textes , accompagnant mes photos, ont été puisés dans les petits guides offerts par l’Office du Tourisme de Tournai )
Bonjour, puis-je reprendre votre post pour mon site internet svp? (https://josydhoest.wordpress.com/2013/11/22/tournai-ses-bannieres/)
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Je reviens de Tournai et je vous remercie pour les photos des bannières. Une visite merveilleuse et merci pour votre partage. Amitiés picardes.
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Fot intéressant pour quelqu’un comme moi qui s’intéresse à l’Histoire et à la façon dont vivaient nos ancêtres et aux métiers disparus. Certains de ces métiers n’existent plus mais d’autres nt bien survécu et continuent d’avoir, pour certains des corporations : C’est le cas pour les maçons, les menuisiers charpentiers, les chaudronniers et quelques autres qui ont toujours des maitres formateurs de compagnons.
Tout comme en Belgique, en France la héraldique s’est rapidement diffusée dans l’ensemble des coprs de métiers : clercs, médecins, notaires,avocats, paysans, femmes et communautés diverses.
Des compagnons qui font leur Tour de France pour se former dans des circonstances toujours diverses. Ces corporations et confréries ont donné naissance actuellement aux « sociétés amicales » ou à certains ordres comme l’Ordre des médecins, l’Ordre des avocats, celui des pharmaciens ou le Corps des ingénieurs des Ponts-et-Chaussée qui sont tous obligés d’avoir un code de déontologie.
Quelque soit l’époque, ces corps de métiers furent en constante opposition avec le pouvoir royal que cela soit Saint Louis, Charles VI, Charles VII ou François 1er. Ils furent aussi en opposition avec le clergé fort puissant à ces époques. Sans doute que ces deux pouvoir, Noblesse et Clergé, sentaient émerger un nouveau contre-pouvoir économique important qui allait donner naissance au Tiers Etat et à une bourgeoisie riche et influente.
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Je te remercie infiniment pour ce commentaire … Mais aussi pour tous ceux qui ont précédés celui-ci ! Le tien répond un peu à celui de notre amie Jacqueline, la romaine. Allez, je me disais que cela n’intéressait personne et donc, j’avais l’intention de clore le chapitre de Tournai avec ce billet …
Je reprends donc mon bâton de compagnonne … et je vous invite à me suivre encore un rien dans cette ville … (Ce sont des photos faites en octobre 2010)… Mais j’ai bien grande envie d’y retourner pour visiter le musée des Beaux-Arts qu’à l’époque je n’ai pas eu le temps de faire ainsi que de voir l’avancement des travaux de rénovation de la cathédrale)… Bisous à tous et toutes qui avez pris le temps de passer ici et d’y laisser vos empreintes
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Bonsoir Josy
Je découvre toutes ces bannières et c’est vraiment intéressant que les corporations se fussent distinguées ainsi. Au moins ils avaient le sens des responsabilités et on était sûr de trouver un bon artisan.
Bonne soirée à toi
Il pleut fort au Sud du Sud aussi
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Elles sont belles ces bannières, beaucoup de joli patrimoine dans cette vile, merci pou le partage.
Bises
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Le Nord est une région que je ne connais pas du tout ! Par contre, les bannières, c’est super sympa, merci pour toutes ces informations.
Bisous
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tu nous racontes un petit bout de notre hiistoire de l’Europe!!! Les corporations sont à la base de la bourgeoisie d’aujourd’hui.
On te suit…on ne sait pas où…mais on y va!
Bises
je me suis connectée avec FB….:-)
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Tu auras besoin d’un parapluie pour le soir … La balade des pas perdus … la bise (ouiiii, je t’ai aperçue sur FB. maintenant plus question de trouver une excuse pour ne pas se répondre 🙂
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Bonsoir Josy,
Merci de toutes tes gentilles attentions sur FB, bravo pour ton billet,
je te souhaite un bon week end gros bisous de normandie Pat.
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Superbe présentation fort intéressante Josy !
Bonne poursuite de cette soirée et agréable week-end tout entier !
Bisous.
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très instructif ton petit exposé sur la ville de TOURNAI …j’y suis allée deux fois pour me rendre dans la grande jardinerie dans le centre …bisous ma JOSY bonne soirée ! …,
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la bise et bonne soirée ma Lili ! … Un instant, grâce à toi et tes photos, je suis redevenue l’enfant espiègle que j’étais juste après la guerre … Mais tout bien réfléchi, je suis restée espiègle en vieillissant même un peu plus 🙂
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Ma très chère Colette, je suis une bonne femme qui va un peu de gauche à droite dans son petit pays … Aujourd’hui et pour qelques jours ce sera à Tournai que je vous emmènerai … Je n’y suis restée qu’une journée entière … qu’importe, je partage avec vous … En me promettant, d’y repasser pour voir l’évolution des travaux dans la cathédrale:) 🙂 … Mais surtout, pour visiter le musée des Beaux-arts où se « cachent » des œuvres superbes. Curieuse comme je suis, je vais aller au printemps les dénicher … Mais cela est une autre histoire … D’ici là tant de choses peuvent se passer … La bise à toi l’amie du Québec
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Je retiendrai que c’est Saint Nicolas le patron des bouchers … Il a pourtant fait vider un saloir bien rempli il me semble ???
Bisous
» trois orfèvres à la St Eloi allaient à la fête , allaient à la fêêête «
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Il y a cumul des mandats:) il est aussi le patron des bateliers 🙂
et … le grand patron des écoliers qui apportera bientôt des pommes dans leurs petits souliers … Bon ! je doute fort que les enfants de 2013 se contenteraient de fruits pour le 6 décembre … Cependant, (de mon temps- il y a près de 70 ans – c’était des oranges , des noix sans oublier une écharpe et des gants … que l’on trouvait le matin dans nos petits souliers … parfois un livre ou un cochon rose en massepain .. Allez, tout à l’heure c’était lili qui me refaisait plonger dans les années 40 avec ses photos et toi … avec les douceurs reçues de saint Nicolas !!! Bref, c’est ma journée nostalgique heureuse ! La bise à toi Michel
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