Cette histoire écrite dans la magie douloureuse de cet hiver là …
Afin que le récit soit mieux compris,voici une petite préface :
Ma mère avait atteint ses 40 ans depuis le 3 septembre 4O. Elle avait deux enfants, ma sœur, mon aînée de 18 ans et mon frère de 15 ans. Ne voulant plus assumer une nouvelle maternité, courageusement, elle était allée, dès le début de sa grossesse non désirée, rendre visite chez une « faiseuse d’ange ».
Ce fut peine perdue !
Je te comprends maman, contre cette condition de femme soumise, tu as, à ta façon, essayé de te révolter, de crier, en silence, ton droit de femme d’exister. Bien plus tard, c’est en pensant à toi et à toutes les femmes que j’ai manifesté dans les rues pour le droit à l’avortement ; ton silence était devenu mon cri, ton impuissance à te rebeller armait mon poing levé. Pour cela et pour bien d’autres choses, maman, je t’ai aimé.
* * *
Cette histoire écrite dans la magie douloureuse de cet hiver là …C’était par un temps déraisonnable de ce premier janvier 1941 que l’envie me prit de naître.
La veille, il avait bien fallu se rendre à l’évidence, et rechercher un moyen de locomotion pour aller à la maternité. Pensez-vous qu’il soit possible, la veille d’un nouvel an en pleine guerre et, pour couronner le tout, un temps où les pavés des rues s’étaient revêtus de blanc verglaçant, de trouver autre chose … qu’une charrette à bras ? Pour nous, ce fût la seule solution.
L’on me raconta, maintes et maintes fois, mon premier périple que je vous conte ici !
Sur la table d’accouchement, ma mère ne veut pas exécuter le ‘travail’ demandé par le médecin.
Sûr que non, elle veut mourir avec cet enfant qui, lui, pourtant voudrait vivre. A bout de force, elle cède peu à peu, si bien qu’une envie pressante lui prend de vouloir aller à la toilette. Et, pour ma mère, elle représente un vulgaire seau de chambre émaillé. N’y tenant plus, elle se soulage.
Profitant de l’occasion, je descends dans le monde des vivants, si l’on peut dire. Ma vie de nouveau-né débute dans les excréments de ma mère, dans ce seau qu’en bout de course, de ne pas vouloir, de ne pas me vouloir, elle a demandé.
Je suis là, suffocante, souffrant de ne point trouver cet air qui sauve, me noyant dans cette matière fécale envahissant les narines, la bouche, les yeux, les oreilles.
Ce qui s’était avéré un échec aux premiers moments de ma vie utérine, allait réussir ! Mais des mains d’homme et de femme, avec précaution, tiraient l’enfant-fille hors de cette chaleur gluante et mouvante.
Sans l’aide du médecin et de ma chère marraine, qui voulait, à tout prix assister à l’évènement (elle n’en a pas vu grand chose), je serais probablement morte.
Je n’étais pas Moïse sauvé des eaux mais Josette sauvée de la m… Aussitôt née, aussitôt fêtée, j’étais le premier bébé de l’an neuf de Fontaine l’Evêque.
J’arrivais, porteuse des secrets de mes ancêtres. Gouttelette homéopathique contenant leur essence, je devenais leur maison, leur légataire ; à moi la responsabilité d’ajouter ma propre note de musique, et le jour venu, de déposer la partition inachevée dans le cœur de mon enfant.
(ceci est un extrait sur ma vie intitulé : flash sur photos jaunies que je désire transmettre à ma fille et à mon petiot ! ) ..
En 2008, j’avais commencé à déposer sur le net …. Aujourd’hui, l’envie me reprend de vous en confier un petit bout de temps à autre …