FEMMES


2021 - NOVEMBRE - BRUXELLES MO-5

(traduction du texte ) 

Nous attribuons aux femmes de nombreuses qualités : « paumée chronique », « victime de violence », « victime de la traite des êtres humains », « malade », « migrante », « exilée », « droguée », « alcoolique »…

MAIS CE SONT D’ABORD ET AVANT TOUT DES FEMMES ;

Des femmes qui ont toute une vie derrière elles et un parcours souvent traumatisant à suivre.

Mais avant tout, ce sont des femmes qui ont un avenir, un horizon vers lequel on peut encore travailler de manière positive.  Pour qu’elles puissent à nouveau être appréciées à leur juste valeur en tant que femmes, les établissements doivent leur offrir un refuge exclusivement réservé aux femmes.  En 2020, le Samusocial a accueilli 931 femmes, dont 280 ont pu être orientées vers des solutions loin de la rue.

Je vous présente Laetitia  une de ces 4 femmes qui ont accepté de voir leur image et leur histoire partagées avec le grand public.

Ces quatre témoignages ne constituent qu’un extrait d’une série de quinze portraits qui sont présentés dans leur intégralité dans une exposition visible au Parlamentarium, le centre des visiteurs du Parlement européen, du 1er octobre au 30 novembre 2021.
 
LAETITIA nous confie : 
2021 - NOVEMBRE - BRUXELLES MO-7
 
 
 
Je vous mets le lien où vous trouverez les récits des 3autres femmes  : 
 
 

Merci à vous de me suivre …

BELGIQUE-ITALIE ….


Nous commémorons le   marchandage, voici 70 ans d’un  échange :   charbon contre des hommes.

Le sort de dizaines de milliers d’Italiens était scellé ; comme disent couramment les vieux mineurs italiens en Belgique : « l’Italie les avait vendus à la Belgique pour quelques sacs de charbon ».  Voici un recueil d’Anne Morelli sur le sujet  : A lire

http://www.journalbelgianhistory.be/fr/system/files/article_pdf/BTNG-RBHC,%2019,%201988,%201-2,%20pp%20083-130.pdf

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A GARDER BIS2

1946

Voici mes premiers contacts avec ces hommes(extraits de « Flash sur photos jaunies)

« Souvent, dans les promenades avec mes parents, juste après la guerre, nous passions en face de baraquements en bois ou en tôle qui se situaient près des charbonnages à la limite de Piéton et de Trazegnies.

  Un sentiment de vague insécurité, d’inconnu  me faisait presser les pas encore petits et, furtivement, je mettais la main dans la poche de mon père.  Il ne disait  rien, me regardait, souriait et pressait mes petits doigts.

Un jour pourtant, un homme puis deux ou plus, je ne m’en souviens plus, sortirent de ces sortes de hangars et invitèrent père à y entrer.

  Je constatai, avec étonnement, qu’il paraissait très bien les connaître ; ils l’avaient  appelé Emilio, mais pourquoi ?  Puisqu!il  se nommait Emile.  Je ne comprenais point cette langue dont ils usaient, elle me paraissait cependant belle et chantante à l’oreille.

Dès notre entrée, une odeur suffocante de poussière mêlée d’humidité, de sueur et chaleur fétide agressa mes narines.  Je n’osais respirer tant cela me répugnait.  Et pourtant, ils vivaient là dans une pièce mi-éclairée par un faible trait de lumière qui avec grand peine se frayait un chemin au travers d’une lucarne au manteau de suie et de saleté.

Sur une planche, servant de table, se trouvaient pèle mêle tasses en fer, bidons  et  petites cafetières d’eau  et, relégués dans un coin, des lits de camp recouverts de couvertures militaires  à la couleur vieillie.  Pour terminer l’inventaire, un feu à charbon entiché d’un long tuyau branlant  refoulait une fumée qui me raclait la gorge.

Je cherchais un enfant  avec qui jouer … une femme qui, peut-être, me prendrait dans les bras …  Mais non, rien que des visages d’hommes fatigués, aux yeux cerclés de noir, mal démaquillés.   Quelques paroles, beaucoup de gestes et surtout des lettres avec de gros cachets furent présentées ; mon père les plia et soigneusement les mit en poche.

J’avais hâte d’être au grand air  des champs.  Mille questions se bousculaient dans ma tête ; mon regard interrogateur fit sourire père et je n’allais plus tarder à connaître le  motif de cette visite.  Le tic familier de son nez faisait cligner les yeux et remonter la lèvre supérieure c’était le signe précurseur de paroles sérieuses :

  • Ce sont mes compagnons de travail, ils sont mineurs de  fond .  Ils viennent d’Italie.  Ils ont quitté leur terre, leur famille pour travailler ici et …

Mais un papillon passant, me fit lâcher la main de père. Je m’élançai vers lui, il se posa sur un coquelicot juste un instant, j’oubliais le moment passé  pour être toute à la joie de ce spectacle : la fleur, le vent léger et le papillon aux  ailes chatoyantes au soleil.

Seules les lettres me rappelèrent les hommes de l’autre pays et pour eux, je vis père écrire … écrire … et encore écrire.

De longs temps passèrent, parfois sur la pointe des pieds, ils venaient demander des nouvelles, leurs visages étaient toujours aussi mal lavés mais à présent  je pouvais les appeler par leurs prénoms.

Sans trop comprendre, j’écoutais leurs inquiétudes, leurs souffrances d’être loin des leurs ; et mère leur présentait un morceau de tarte au sucre ou au riz qu’elle venait de préparer et dont elle seule  avait le secret. Père les réconfortait.. Oui, elle viendrait bientôt cette autorisation.  Ce n’était plus qu’une question de jours et les familles seraient enfin réunies.  Ils pourraient même habiter dans notre village…  Et si c’était à côté de chez nous …  j’aurais de nouveaux amis … J’étais impatiente de fêter cet événement.

Puis ce fut comme une révolution, tout alla très vite (du moins dans ma tête), il y avait de l’électricité dans l’air,    on parlait fort, ces visages burinés s’étaient habillés de rire, de larmes, une bouteille d’eau de vie « chassart » était ouverte … Bref, on fêtait avec ces nouveaux amis leurs futures retrouvailles familiales.  La famille Léonardi était composée de sa femme et de trois garçons, elle habiterait la maison mitoyenne à la nôtre dont la sœur de ma mère était propriétaire (de la nôtre aussi d’ailleurs).  Je me mêlais, très excitée, à ces réunions de joie ; j’allais avoir de nouveaux copains !  Déjà, je connaissais leurs prénoms, le plus petit s’appelait Nino, il avait 3 ans,  il y avait Danillo âgé de 10 ou 11 ans et le grand frère Lino.

Comment décrire le jour mémorable de leur arrivée ?  Maman avait fait un simple repas  arrosé comme il se doit.  L’argent était rare chez nous mais pour cet événement au diable les économies.

Ils étaient là, fatigués, Nino pleurant sur les genoux de son père, Danillo, timide, ne voulant pas dormir ; Lino, à côté de sa mère,  allait enfin  retransmettre cette mission de responsabilité  qu’il avait accomplie lors de l’absence de son père.

Le gros dictionnaire, celui  que je portais à grand peine, avec ses pages roses  réservées aux mots latins nous fut, bien sûr, tout à fait inutile.  Mais les regards, les gestes du cœur oh ! Combien nous en saisissions  le sens !  Et ce moment devint, pour nous tous, privilégié et inoubliable.

Danillo, par ce beau jour, était entré dans ma vie.  Il m’appela bien vite ‘Rosetta’ sans doute la traduction de Josette ?  J’appris rapidement quelques mots d’italien et nous fîmes un doux mélange de nos langues latines. …Sans doute, un jour, je partagerai avec vous, dans son intégralité:  Flash sur photos jaunies

Le temps immobilisé !


A l’heure où tout paraît dormir,
le bateau, prisonnier, a jeté l’ancre …

A l'heure où tout paraît dormir ... Le bateau, prisonnier, a jeté l'ancre !
Un linceul blanc a recouvert le lac et ses rives

Un linceul blanc a recevouvert le lac et ses rives

Seul le bruit des rames d’un pêcheur égaré

Seul le le bruit des rames d'un pêcheur égaré ...
Et le cri des mouettes réclamant la pitance

Vient déchirer le silence profond
Entre le ciel et l’eau !

BILLET SUR LE LAC

C’est le lac Blanc, teinté de gris

Espérant les notes d’arc-en-ciel
D’un soleil encore endormi !

C'est le Lac Blanc, teinté de gris ...

Le temps s’est immobilisé, juste,
Entre deux soupirs … entre deux sourires.

viennent déchirer le silence profond entre le ciel et l'eau !

L’ocre, le rose et le nacré pointent le bout du nez,

L'ocre, le rose et le nacré pointent le bout du nez ...

le ciel bleu se mire dans l’eau

et le ciel bleu se mire dans l'eau !
Et le bateau repart vers d’autres escales
Vers l’horizon.

et le bateau repart vers d'autres escales ... vers l'horizon !

Je suis seule sur le pont,
Flottent au loin quelques dentelles…
Sur mes cheveux la rosée perle …
Des larmes de bonheur, sur mon visage froid, ruissellent.

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MON PETIT COIN DE PARADIS…. DERNIER EPISODE


 

 

 Il m’avait confié, dans un murmure tremblant, ….qu’il était un « enfant adopté » par un couple désespéré de ne point avoir pu procréer. 

Il fût la consolation et le bonheur de ces personnes jusqu’au jour où la nature, un peu tardivement, exauça leur souhait .

Il avait 10 ans … et un frère dans les bras (je dirais sur les bras).Il se disait redevable à cette famille trop tôt disparue. Au chevet de sa mère adoptive il avait promis de veiller sur l’adolescent qu’elle laissait trop tôt sans arme pour évoluer dans la vie. Mais, lui, mon majordome, était devenu le souffre douleur de cet enfant roi.  

 

 

Je mis la turritelle à mon cou et me précipitai dans les vagues fortes et puissantes que l’océan d’une fin de jour m’offrait. Impossible de nager, une vague plus forte me fit perdre pied, je bu la tasse et sans plus attendre je regagnai le sable ferme.

Portant la main au cou je constatai le désastre, l’océan avait repris « ma » turritelle !

  Elle continuerait, dans les vagues,    sa valse interrompue par mon désir de la posséder.  Elle avait vécu un moment dans le monde des humains dont je n’avais été que « le passeur » … Ah que oui ! J’aurais aimé connaître certains secrets … Mais voilà un coquillage ça ne parle pas.  Il vous apporte simplement la chaleur du soleil, les perles de sable, la force des vagues la beauté de l’océan. Il transmet, avec sa délicatesse, ses aspérités, ses blessures une page de sagesse qu’il faut décrypter. Ma turritelle m’avait apporté tout cela et plus encore … un lien invisible avec le majordome.

 

Me reste donc les étoiles … qui, elles, resteront dans cette immensité du ciel d’un bleu profond, je monterai dans le  grand chariot… Peu étonnée, je retrouverai le majordome   et reviendrai dans ce temps que j’aurais aimé retenir …

 

image prise sur le net
image prise sur le net

                    

 

 *   *   *

Avant de sécher ma plume, de refermer l’encrier,

Je dois encore vous dire que ce récit, sur fond  de composition photos, de senteurs d’embruns et d’immortelles, a été mis  en musique par un célèbre duo. J’ai nommé Réalité et Imagination.

 

pour coin de paradis 028 (2)

Je fais confiance à votre perspicacité pour trouver  la propre partition écrite par chacun de ces compères.

 

Je dirai donc la formule consacrée   : « Que toutes ressemblances avec  certains personnages ne sont que les divagations  de mon esprit jongleur.  

 

 

 le mot FIN 

me laisse encore le temps de partager,

avec vous, cette citation qui me ressemble tellement !

 

« Il me semble que je n’ai jamais été qu’un enfant jouant sur une plage, m’amusant à trouver ici ou là

un galet plus lisse ou un coquillage

plus beau que d’ordinaire,

tandis que, totalement inconnu,

S’étendait devant moi le grand océan de la vérité. »

 

Isaac Newton.

 

 

 

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2008-04-27

MON PETIT COIN DE PARADIS … SUITE 18


Juin 2005

Je n’oublierai point mon attente  sur le banc d’un soir de juin 2004 … Elle fut vaine , mon majordome dont j’avais deviné la silhouette au bord de l’océan ne m’avait offert qu’un cœur de sable.
Ce fut la dernière fois, que je le vis.

Leurs chalets furent mis en vente, le « gourou » désirant, sans doute, un autre lieu plus discret.

Si, j’avais eu un peu d’argent de côté, sûre que cela m ‘aurait tenté. Ils furent très rapidement achetés par des estivants ou des investisseurs bien avisés.

Curieuse, je demandai des nouvelles du majordome à F. Tout ce qu’il savait c’est qu’il était resté, jusqu’à la fin des transactions de vente, dans un appentis de la demeure de « son » maître.

– Au fait, j’oubliais ! voici pour toi.
(Il me tendit une enveloppe légèrement boursoufflée)Il me la confiée juste avant de partir en me disant qu’il aurait aimé te la remettre personnellement.

J’avais hâte à me retrouver seule, sur le banc face à l’océan afin de découvrir le secret de l’enveloppe qui me brûlait les mains. Je la déchirai lentement et en sortis une feuille de papier mauve tendre ainsi qu’un emballage de couleur bleu profond, comme l’océan du soir, contenant un objet. Je fermai les yeux un instant, pris une inspiration profonde et je dépliai la lettre chargée d’une écriture ferme et belle.

 

Numériser0012 (2)141009 juin 200800022008-06-09

     « Je n’oublierai point nos rencontres.Est-ce le hasard  ?

Je vous entends rire en baissant la tête  et penser que le   hasard n’existe pas. Ces quelques moments fugaces mais intenses que la vie a m’offerts j’aurais aimé les prolonger afin d’en apprécier toute  la richesse …

Je garderai gravé dans un coin secret de mon cœur les étoiles que nous avons admirées le dernier soir. Elles resteront notre lien simplement en regardant le ciel …    A vous que je garderai dans mes plus doux souvenirs  voici  un autre lien   … Ce cadeau précieux, que dans votre spontanéité, vous m’aviez offert … J’y ai ajouté quelques reflets d’argent qui brilleront entre vos seins … »

 

C’était tout !  Pas de signature … sinon la chaleur des mots et les perles brillantes dans mes yeux.  Pas besoin de connaître le nom de cet homme il restera à tout jamais dans mon cœur   « le majordome »  Je ne l’oublierai pas de si tôt,  ni la complicité qui, au fil des années, s’était tissée entre nous.

 

J’aurais tant voulu le revoir, reparler avec lui de son enfance, un sujet que nous avions effleuré lors de notre rencontre au soleil couchant …

 

 Il m’avait confié, dans un murmure tremblant …