HISTOIRE DE DENTS … DE PLEURS … DE MINEURS


8 août !

Une date qui a changé radicalement mon chemin !

 

Comme ce jour, j’étais allée chez le dentiste…(Eh oui, en riant, en pleurant je lui ai conté ce que je vous livre … Lui, c’est un artiste tant dans le travail que dans la douceur!

 

j’avais 15 ans et demi .. et quelques jours en plus ! …

Il faisait beau ! Et nous traversions, en bateau, la rive

nous séparant de Huy , la ville …

 

Était-ce cette rage de dents qui me donnait des frissons ?

Ou la peur ?

 

C’est vrai qu’il avait fait « fort »,

ce dentiste dont je ne me souviens plus du nom !

 

…Ouvrez la bouche !!! …

Je m’y suis exécutée en tremblant , de trouille, de froid, d’effroi,

de chaud qui vous colle à la peau …

C’était la première fois

que je laissais visiter mes rangées blanches enragées de mal 

qu’il fallait, à tout prix, calmer !

 

Bref, un tit coup de marteau par ci, par là ..

Pour constater, sans doute que la musique était belle …

Sauf que … sur la première molaire de gauche là …

juste dans la mâchoire du bas …

Je sursautai comme une puce au plafond …

Je vois « dit-il » … Alors que je ne voyais plus que des étoiles !

 

Une piqûre, puis 2 … allez une 3ième …

Rien n’y fit, je sursautais toujours autant …

Vous faites du cinéma ou vous paniquez, me dit-il …

Penaude et voulant me cacher sous terre, je lui répondis que non …

 

Et sans plus attendre, je préférerais dire « entendre », il se mit , de toute ses forces à extraire cette dent récalcitrante !

Je vous jure, encore aujourd’hui, c’est comme si c’était hier !!!

 

Enfin, triomphant, il me montra ma pauvre molaire sanguinolente

Je l’ai enfin , me dit-il en examinant un peu mieux le trou béant de l’absence !

 

Un silence … Et puis sa conclusion :

 

Logique que vous ayez eu mal …

Vous n’avez pas fait semblant …

Je vois un abcès … qu’il aurait fallu soigner avant ….

Voilà c’était ma première surprise party

avec un dentiste appelé boucher !

 

Au risque de vous ennuyer, je continue mon billet …

Pensez-vous que cette date, que je n’oublierai jamais ,

est due à ma visite chez un dentiste ?

 

Je vous réponds : Non !

Ce soir là, je faisais 40 de température …

j’avais chopé auprès d’un enfant malade ,

revenant des colonies (dont je tenais la main le soir en lui racontant des histoires) … J’avais chopé, dis-je, le typhus… Une maladie qui me tint plus de 3 mois au lit avec des températures oscillant entre 39 et 40 …

 

Pensez-vous que c’est la raison qui fait que je n’oublierai pas ce 8 août 1956 ?

 

Sans doute un peu … mais pas seulement !

 

Je revois entre deux paupières difficilement soulevées, mon père à mon chevet … Était ce bien lui ??? … Je le reconnaissais à peine … Comme il avait maigri, comme sa barbe était piquante … Et puis ses yeux cernés de gris , de noir … ces yeux fatigués d’avoir trop vu … d’avoir pleuré …

Je n’ai pas su tout de suite … Il a attendu que le médecin lui ait donné ces paroles d’espérance : elle va mieux, elle va guérir …

Et puis, il me raconta … LA CATASTROPHE DE LA MINE DU BOIS DU CAZIER ! Combien d’amis italiens étaient morts, je connaissais certains par les noms répétés … mon père était allé se présenter comme sauveteur …

Voilà pourquoi je n’oublierai jamais !!! Voilà pourquoi, Cette date a changé ma vie

24 réflexions sur « HISTOIRE DE DENTS … DE PLEURS … DE MINEURS »

  1. Histoire poignante et tellement vraie hélas, à l’époque nos dentistes ne faisaient pas dans la dentelle, pour ma part, encore aujourd’hui je dis au dentiste  » je veux bien me soigner mais je ne veux pas avoir mal » alors que mon dentiste est doux comme un agneau, quand au typhus j’en ai entendu parler, drôle de maladie, aujourd’hui soignable.
    Quand aux catastrophes minières le Nord de la France n’a pas été épargné .
    Bonne fin de journée
    Bisous
    Mandrine

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  2. Comment ne pas avoir eu sa vie bouleversée par tant d’évenements. Je me souviens, ayant le même âge que toi, de l’accident terrible de la mine. Nous étions bien loin de ce lieu mais nous en avions parlé à la maison. partageant d’intention les peines de toutes ces familles endeuillées.
    . Tendres bisous ma presque jumelle.

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  3. on n arreterai jamais de lire tes recits!tu nous remplis d emotions et souvent j ai difficile a continuer la lecture mon pere aussi etait mineur et ces details me donnent froid dans le dos .quel courage!merci de les racconter comme tu sais si bien le faire bisous

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    1. Merci Emilia ! Nous sommes des enfants de mineurs ! … Comment ne pas en parler sans larme dans les yeux, sans fierté au cœur en se rappelant leur dur labeur, leur « gueule » noire … leurs veines saillantes … leur fraternité de mineurs ! Je te serre très fort dans mes bras et gros bisous du Nord à toi et à ta soeur !
      Merci de lire mes quelques « bafouilles », elles viennent toutes de mon coeur!

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  4. Fort bien racontée cette visite chez le dentiste ! Il est étrange comme ces praticiens ont mauvaise réputation et combien leurs actes font peur.
    Chez beaucoup de gens il s’agit avant d’une peur et d’une angoisse qui fait travailler le mental. Très souvent, par crainte, les gens attendent le dernier moment pour aller chez le dentiste et ils laissent leur dent s’infecter. Lorsque celui-ci veut soigner, il est contraint de soigner et la dent et l’abcès ce qui entraine la douleur.
    our ma part, je suis allé plusieurs fois chez le dentiste et jamais je n’ai eu à craindre d’eux.
    Quant à la seconde partie de ce bilet, elle est émouvante, triste et prenante : on se croirait devant le terril. ce texte est si triste qu’il me rappelle une information entendue alors que j’avais 9 ans : un crassier ( terril) s’était effondré suite à de trop nombreuses pluies près de Lens et un coup de grisou avait fait s’effondrer la mine. Durant une semaine, ils en ont parlé et je me souviens du nombre de morts dans la mine ce jours là : 21 !
    Depuis ce jour, je n’ai jamais oublié ce qu’était un terril.

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  5. Merci pour ce récit oh combien émouvant , les orfèvres en dentisterie ont heureusement maintenant à cœur de soigner au maximum (je comprends que l’anesthésie n’était pas efficace et pourtant il a continué … ) Une journée vraiment inoubliable tant en émotion qu’en chagrin et souffrance .
    Merci d’avoir partagé ce moment
    Bises

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  6. Une histoire qu’on ne s’arrachera jamais de la tête, aussi dure qu’elle soit. Et oui, toutes ces choses qui s’additionnent et nous façonnent… Heureusement qu’il y a quelques bonnes histoires quii nous apportent de la paix. Un voyage en Bretagne par exemple…

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  7. oh josy, quel article magnifique,touchant
    la tournure de cet article,j’en ai encore le frisson
    j’ai presque vécu tout ça avec toi
    j’ai presque tout ressenti…..
    j’ai la gorge serrée….
    tant d’émotions font rires ou pleurer nos vies
    tant de dates ne s’oublient jamais
    celle ci en est une….
    merciiiiiiiiiiiiiiiii et pensées émues pour tout ceux la,que je n’ai pas connu
    j’aurais voulu écrire plein de chose sur ce dentiste la,la aussi beaucoup de choses à dire
    ta maladie aussi et puis zou,j’ai lu jusqu’au bout,me suis laissée emportée
    j’ai la gorge sèche et les mots ne viennent plus
    juste s’installe le respect du silence….
    bisous de coeur

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  8. Je comprends que tu ne puisses jamais passer un seul 8 août sans que ton âme ne tremble.
    Il y a des dates gravées à jamais dans nos cœurs. Des choses que nous croirons pouvoir partager, des émotions que nous penserons communiquer. Comme il est difficile d’en évaluer leur poids de chagrin, de peur ou de douleur !
    Il y en a comme ça qui ont laissé en moi une marque indélébile.
    Mais il en est de même du bonheur !
    Le yin et le yang.

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  9. Quelle progression, le dernier événement a tout de l’horreur qui peut faire oublier le dentiste.
    Que de tristesse dans le monde de la mine mais que de courage.
    Bises

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  10. comme je te comprends!!n’importe qui serait marquer par tout cela!!!c’est en effet une drole d’annee que tu avais passer!!!allez,remet y dans un coin de ta tete,et continu!!!il y a tant de choses que nous n’oublions pas et qui nous marques!!!bonne journee josy et gros bisous

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  11. Il y a comme cela des dates qui jalonnent et marquent notre vie à tout jamais. Ce récit commence ,je dirais , par une visite chez le dentiste presque ‘anecdoctiique pour termier par le tragique.Comme toujours tu nous aménes doucement,à travers tes petis ,puis graves soucis de santé,à cette tragédie. Bien qu’ayant le même âge, puisque nious sommes, à quelques jours prêts, jumelles ,je ne me souviens pas de cette gragédie de la mine, Insouciance de l’adolescence sans doute.
    Bises ma Josy..

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  12. Une remontée dans le passé à travers ce récit à la fois drôle, anecdotique, et dramatique, comme tu sais si bien nous les raconter !
    Moi je n’étais qu’une toute petite « demoiselle de Rochefort » de seulement quelques mois ….lol….!!!
    Merci Josy de nous faire profiter de toutes tes richesses ! grosses bises, Fanfan.

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  13. Merci Josy pour ce récit émouvant. Des évènements qui restent ancrés dans la mémoire.
    Ce fut la plus grande catastrophe minière du pays.
    Et puis cette rage de dent parallèle à cette rage dedans en toi, qui t’as permis de grandir et forger ton caractère.

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  14. il y a des dates en effet qu’on oubliera jamais , au grand jamais ! …
    c’est un fait que les dentistes d’antan s’apparentaient davantage à des arracheurs de dents …
    j’avais moi aussi la peu des dentistes qui dans les MINES étaient pire encore !…
    heureusement , j’ai appris à vaincre ma peur …et ai gardé toutes les dents les plus précieuses
    celles qui servent à sourire ! mdr …
    gros bisous ma JOSY …BONNE SOIREE !

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    1. Mais pourquoi donc cette date a changé mon chemin ? … J’ai également raté mon entrée scolaire … je me destinais à être institutrice … ben non !!! Mais mon chemin fut riche de tellement d’expériences diverses … auprès d’enfants « moralement abandonnés » et plus tard d’enfants du Juges et plus tard encore d’enfants handicapés … et plus tard …. mais c’est une autre histoire … Je vis aujourd’hui … avec les richesses d’hier … Celles qui ont fait ce que je suis

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